rando-blouses roses-2018

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J 39 Saint Jean Pied de Port /Roncevaux 24km (Total cumulé 1058,190km)

Bonjour les amis ! 

 

Et voilà c'est le dernier jour avec cette fameuse étape mythique pour moi qui rêve de Roncevaux depuis l'école primaire. Je suis déjà en train de monter à pied. J'ai très, très bien dormi cette nuit. Pas moins de 8 heures et je suis en forme, pas de douleur. Pendant mon petit déjeuner chez mes hôtes, le monsieur m'a conseillé d'être attentive au dernier tronçon du chemin, celui qui descend vers Roncevaux après le col, car le GR est très boueux et glissant donc dangereux. Lui pense que ce n'est pas la peine de prendre des risques surtout avec le brouillard ce matin. Donc emprunter à cet endroit la petite route goudronnée. 

 

Je serai donc attentive.

 

Ce que j'ai pris pour du brouillard n'est peut-être qu'une brume matinale car ça se dégage dans la vallée en laissant un ruban blanc flotter sans doute sur une rivière. C'est très beau. 

 

 

Je rencontre 2 jeunes filles qui viennent de Croatie. Elles veulent discuter mais mon niveau d'anglais est catastrophique ! Malgré tout je crois qu'elles comprennent que je marche depuis 38 jours et que cette étape est la dernière pour moi. J'explique aussi que je marche pour une association "qui visite des personnes jeunes ou âgées dans les hôpitaux" (désolée mais avec mon vocabulaire je n'ai pas su faire mieux). Bref elles sont admiratives et veulent qu'on fasse une photo ensemble. Puis comme je marche vite, Salut les filles "buen Camino !"

 

 

Il est 8h50. Il y a une heure que je suis partie et je suis au pied du panneau pour démarrer l'ascension par le chemin. Il est tout boueux et nous sommes nombreux. Alors nous montons à la queue leuleu. 

 

Il faut vraiment que je fasse attention, que je reste concentrée sur chacun de mes pas sur ce chemin glissant, où les pieds s'enfoncent dans la vase. Et en même temps c'est très joli car de grandes digitales bordent le chemin. Nous sommes déjà un peu moins les uns derrière les autres car beaucoup s'arrêtent pour reprendre leur souffle ou pour prendre des photos. Ça n'est pas facile car nous montons inexorablement vers le brouillard. 

Par endroits le chemin se transforme en petit ruisseau tellement la terre est gorgée d'eau. 

 

Il y a un bon moment que l'on monte, je ne sais pas à quelle altitude on est, en tout cas ça y est nous sommes vraiment dans le nuage. Les gouttelettes se déposent sur mes lunettes. Ce n'est pas bien grave puisque de toute façon on n'y voit rien ! 

Pour ma part, j'ai déjà expérimenté ça au début du voyage, alors ce n'est pas maintenant que ça va m'empêcher d'avancer ! 

 

Dans ce brouillard, j'entends des cloches de vaches mais je ne vois pas de vache...Peut être des brebis....j'aperçois des formes, on dirait des ânes ou bien des petits chevaux....Je m'approche...Oui, des poneys, mais ils n'ont pas de cloche. Donc les sons viennent d'ailleurs. Je n'y vois rien. Les autres pèlerins et randonneurs ne sont que des formes sombres. Bizarre comme impression. 

 

Sur le chemin je croise aussi des pèlerins qui souhaitent rester vraiment seul et en silence. C'est le cas de celui qui marche à côté de moi, nous échangeons quelques politesses, puis il me dit en me montrant des rochers tout mouillés "je vais aller m'assoir là". OK,  pas de souci "buen Camino ! "

 

Je suis touchée par ces gens qui montent avec sur le sac un drapeau ou un signe pour indiquer de quel pays ils viennent comme s'ils faisaient le chemin pour leur pays d'origine. Tout à l'heure c'était les jeunes filles de Croatie et maintenant devant moi une jeune femme de Taïwan.

 

 

Dans cette montée, dans le brouillard, je viens de rencontrer....Annick ! Ne dit on pas que l'on fait ce chemin pour se rencontrer ? Et bien je me suis rencontrée ! Nous voyons ça toutes les deux comme un bon présage.  Annick vient de Belgique près de Bruxelles. Sur le bord du chemin il y a un camion-café. Nous y faisons une courte pause où Annick m'offre un café. Puis nous repartons toutes les deux d'un bon pas.

 

Je suis avantagée par rapport à elle car je ne porte que ma banane ventrale (en bandoulière ) alors qu'elle a ses 10kg sur le dos. Mais elle a un bon rythme sur lequel je peux me caller facilement. Dans les endroits très boueux je l'attends un peu car chargée, elle a plus de risques de glisser. 

 

Nous nous emerveillons des mêmes choses,  le brouillard entre les arbres, une énorme limace noire...

 

Tout à coup il est presque midi, nous avons la chance d'avoir un peu de vent et les nuages se mettent à se déplacer autour de nous. C'est magnifique ! Le paysage se dégage. On a la vue sur les collines en dessous. C'est superbe ! 

 

Et en plus nous sommes sur le bon chemin. Nous avons failli suivre le balisage à l'endroit où mon hôte de ce matin m'avait dit d'être attentive. Mais heureusement, un jeune homme nous a interpellées pour nous rappeler le danger de ce tronçon de chemin. 

Cette petite route arrive à 1,5km de Roncevaux. Nous avons le choix ici aussi : descente dans la boue ou par la route. Annick et moi choisissons la route. 

 

Ça y est ! Roncevaux ! Il est 13h 30. Je dois reprendre le bus à 15h 30. Moi qui craignais d'être juste à l'heure. 

D'après mes calculs Annick et moi avons marché à 4km/h en côte en comptant la petite pause café, c'est pas mal !

 

 

Maintenant nous allons faire tamponner nos crédentiales. Mais je suis prise d'un doute...Est ce que j'ai pris ma credentiale ? Elle est toujours rangée dans la pochette où j'ai mes cartes et j'ai laissé cette pochette dans ma chambre ! ! Oh non ! C'est pas vrai ! Je me rassure en me disant que tout ça n'est pas important pendant que Annick cherche la sienne. Et à ma grande surprise, elle en sort plusieurs et m'en donne une vierge. C'est comme ça le chemin, plein d'inattendus ! Je vais donc faire tamponner une crédentiale qui commence à Roncevaux....Si ce n'est pas un signe pour m'encourager à faire les 800 kilomètres restants ! 

 

Il fait soleil ici mais avec un vent froid. Nous pique niquons puis je vais prendre le bus. Annick va vers Compostelle. 

 

Ce périple c'est vraiment bien terminé avec la rencontre d'Annick. Nous nous sommes accompagnées mutuellement sur cette difficile étape. Nous avons eu un beau partage, je dirais même une sorte de communion sur ce qui nous relie à ceux que nous aimons. Et aussi sur le sens de marcher pour d'autres ou avec d'autres qui sont dans notre coeur. Sur le chemin, nous ne sommes seul que si nous le décidons.

 

Je me sens bizarre. C'est déjà fini. C'était long et pourtant dans ce bus qui est le premier transport en commun qui me ramène vers l'Ile de France je voudrais que le temps s'étire encore. Ne pas changer de rythme trop vite. A pied le temps s'allonge. J'ai un peu peur de l'accélération.

Et en même temps je suis heureuse de rentrer, de savoir que je vais vous retrouver tous qui m'avez soutenue et encouragée.

 

Demain journée de retour. Je vous donnerai encore des nouvelles pendant queques jours. On ne sort pas de 6 semaines de voyage en quelques heures. En attendant, prenez soin de vous. 

 



16/06/2018
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